Quand Madoka découvrit le préau, elle fut surprise de sa taille : il pouvait bien contenir de la place pour abriter la ville entière.
Il ne manquait qu’un feu ronflant dans une cheminée et ce splendide manteau de marbre blanc qui faisait office de colonne aurait eut l’air d’un vieux château auquel il ne manquerait que des vieux tapis et des portrait aux teints pâle. Une grande partie du sol était en pierre, ses pas résonnaient en bruits sourds. Madoka s’approcha d’une vitre et de son annulaire droit elle retira un zeste de poussière. Elle cligna plusieurs fois des yeux et se retourna pour observer l’allée devant elle : des graviers au sol qui semblait scintillant n’inspiraient que la nonchalance d’un élève d’aller étudier.
Etait-ce de la frustration ? De l’appréhension ? Tout semblait flou et lent dans sa tête. Le silence revint telle une onde glacée, comme si que la nuit humide et venteuse s’abattait soudainement sur ses frêles épaules. Non, ce n’était pas de la colère, elle laissait ça pour les pauvres âmes perdues… Une sensation qui lui prenait les entrailles, lui faisait oublier une détermination chancelante.
Oui, Madoka se sentait perdue, offusquée et oppressée par une conscience qui lui hurlait de faire demi-tour.
Douce convoitise oubliée, Madoka se résigna brusquement, il fallait rester ici, pour lui.
Elle serra la lanière de son sac au creux de sa paume, et lâcha un soupir évasif.
Ses cheveux ondulèrent, les yeux clos elle savourait le goût du vertige qu’était la découverte des lieux à venir. Son esprit traversa un instant les nuages et avant de retomber sur terre il croisa l’orage de pensées. Son souffle admettait que l’atmosphère était plus à la rêvasserie qu’aux études. Elle hocha la tête une dernière fois et se décida de continuer son chemin, décidant de dire au revoir au préau.




[-> Need quelqu'un, la laissez pas seule sous son préau... xD]

Madoka arrêta sa démarche lente, pour finalement restée immobile. Elle n’avait rien ressentit alors qu’on l’observait, ses yeux se plissèrent un instant de frustration, puis elle décida d’interpeller la petite ingénue. Les graviers crissèrent lorsqu’elle tourna les talons.
Ce fut la confrontation d’un regard Sang à Océan ; sorcellerie ou bien pêché, il y eut alors un silence.
Dans les cieux, les nuages défilaient et paradaient devant le frileux soleil. Ils dansaient, doux et serein, se souciant de leur seul envol ; tandis que sur Terre une ambiance lourde s’installait.
Madoka fixait sa proie, clignant lentement des yeux et réveilla en elle l’envie d’en savoir plus.
Un détail la frappa : ses jambes étaient d’une longueur démesurément grande, si elle se serait retrouvée à côté d’elle, on aurait remarqué la différence de taille flagrante. Madoka s’attarda sur les mains de la jeune fille, puis repris son regard. Captivant, c’était un mot qui convenait à l’ombrage sur ses yeux et la couleur claire de ses pupilles.

La jeune fille fit la moue et se mordilla la lèvre un instant. Madoka n’avait prononcé aucuns sons, s’étant juste contentée de dévisager la personne qui avait stoppé son élan.

Une seule pensée traversa son esprit lors de cet échange.
Pauvre âme noyée dans un karma immonde…

Quand elle vit la jeune fille s’arrêter, Setsuko se demanda si elle avait fait le bon choix en se manifestant. Elle n’était pas prête à entrer en contact avec les autres, ces mois de solitude lui semblaient identiques à la durée de sa vie. Pourtant le regard rouge, les magnifiques yeux sang de la fille l’hypnotisèrent. Elle vit la jeune fille la détailler, ce qui la rendait nerveuse, elle n’aimait pas qu’on la regarde. Elle avait tout le temps peur d’être jugé et… pas à son avantage malheureusement.

Elle ne sait pas combien de temps passa alors que la jeune fille la dévisageait, Setsuko jouait avec ses doigts ne sachant pas quoi faire, elle n’avait qu’une envie c’était que le regard de cette fille se tourne et qu’elle fasse demi-tour… Ou plutôt c’est elle qui voulait partir. Plus ça allait plus elle ne se sentait pas prête à ré-entrer en contact avec la civilisation. Setsuko fit un pas en arrière sans lâcher les yeux de la jeune fille. Elle ne voulait pas fuir mais ne pouvait rester là, sous ce regard plus qu’étrange sans rien faire.

Alors elle commença à faire demi-tour, se sentant stupide d’avoir cru pouvoir entrer en contact avec elle. Mais au fond d’elle-même, elle espérait que cette jeune fille lui parlerait, désormais, elle se dit que c'était impossible… Alors autant la laisser continuer son chemin et elle le sien de son côté.

Et elle s’éloigna, pour aller s’asseoir contre une colonne, encore seule. Puisque c’est seulement dans ces moments où elle ne se sentait pas de trop.

[sois gentille pour la suite stp XDDD]

Un nuage passa devant le soleil. L’aube du crépuscule.
Madoka posa son sac, et regarda le sol ; un instant le vent souffla pour annoncer le début d’un doux et fragile préjugé. Le Destin.

Lorsque Madoka apparue brusquement devant la jeune fille, celle-ci sursauta, écarquillant les yeux. Madoka ne lui laissa pas le temps de parole qu’elle entrouvrit les lèvres, et d’une voix douce et tranchante elle lui murmura :
Portée par les actions d’une vie passée, menée sur le chemin de l’égarement d’un pitoyable destin, la séparation entre haïr et être haï s’effrite. Prends ceci.

Madoka souleva sa manche et ouvrit un sac de soie, pour en sortir une poupée de paille qu’elle tendit à Setsuko. La main légèrement tremblante, elle prit l’objet et l’observa, sans prononcer un mot. Madoka reprit :
La ficelle rouge autour de la taille de la poupée n’est que la maigre compensation d’un désarroi prochain. Le jour où seule la mort te viendra à l’esprit, retire-la ; je ferrais déferler ta vengeance. Considère cela comme un cadeau.

Elle tourna les talons et alla chercher son sac, laissant la jeune fille au sol, étonnée de l’étrange objet entre ses doigts, et ne sachant que dire. La solitude est un sentiment qui n’engendre que la folie, une course folle où le sablier des mœurs ne fait que poursuivre obstinément une route dépravée. Est-ce que cette poupée voulait dire quelque chose au final ? Secret.

Madoka repris sa marche vers l’établissement, on eut cru voir l’ombre d’un sourire sur son visage, une fraction de seconde.

Le vent souffla encore.
Merci…





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